« Un climat apaisant et élégant dans l’univers du stationnement » : telle était l’ambition affichée par le premier exploitant européen de parkings lors de la création de sa station propre. De Monteverdi à Brahms, en passant par tous les grands classiques – passablement mal interprétés - l’environnement sonore raffiné et rassurant qu’est censée procurer la radio a néanmoins fait l’objet d’une étude pour que son volume ne puisse couvrir les pas d’usagers mal intentionnés. Ironie… Ses modalités d’existence induisent d’emblée la frayeur.

En fait, Radio Vinci Park est une excellente musique de film d’horreur. Mettre en musique un lieu de danger : Théo Mercier s’appuie sur cette forme de contresens pour imaginer une atmosphère et une expérience pour les spectateurs.

Ayant dénudé la salle de spectacle de la Ménagerie de Verre pour lui faire retrouver le visage de sa fonction originelle de parking, l’artiste fait de cet espace brut le véritable premier personnage de sa pièce. Plus qu’un scénario, c’est une situation qu’il donne à vivre, effeuillant tout le répertoire phobique lié à l’imagerie collective et cinématographique du parking souterrain : obscurité, solitude, angoisse, étouffement, spectre de l’agression…

Dans cet endroit de tous les fantasmes liés à nos enfers contemporains de l’urbanisme, a lieu une étrange rencontre entre un motard de cross, entièrement masqué, et un danseur travesti en executive woman.

Tout prend alors un double sens. Les deux protagonistes évoquent tour à tour des figures du passé et du futur ; leur affrontement flirte autant avec le duel que la parade amoureuse.

Les spectateurs eux-mêmes, en arène, paraissent tantôt actifs, attisant l’ardeur des duellistes, tantôt passifs, captifs d’un événement qui happe tous les sens.

Une tension déconcertante entre univers contemporain et connotations mythologiques, dans laquelle Théo Mercier est passé maître.