Basses fiévreuses et voix funambule chaloupent, divaguent, s’envolent, percutent et nous envoûtent. L’enchantement est sauvage, presque vénéneux. Cette majesté éraillée, où la jouissance du chant profond de l’Éthiopie n’est jamais loin de la souffrance, nous emporte dans un ailleurs qui entête à jamais.

Contrebasse et basse acoustique épousent parfaitement le timbre de voix grave d’Etenesh. Le frottement des cordes crée un tapis sonore d’où sortent de nouvelles mélodies, rappelant en filigrane les modes éthiopiens, dans lesquelles on perçoit des influences aux teintes plurielles (rock, jazz, musiques improvisées, musiques du monde…) un univers dans lequel cette voix singulière peut s’exprimer en toute liberté. L’archet rappelle aussi le messenqo, ce violon monocorde traditionnel éthiopien qui accompagne toutes les chansons du patrimoine telles Ambassel, Tezeta, Bati dans lesquelles Etenesh excelle.

Etenesh Wassie, voix – Mathieu Sourisseau, basse acoustique – Sébastien Bacquias, contrebasse