« L’histoire de ma vie est sans évènement marquant : je peux vous la raconter très brièvement » écrit Henri Matisse en 1921. Il faut bien admettre que son existence ne regorge pas d’anecdotes et sa dernière biographie lui a même retiré les quelques incartades que la tradition daignait lui accorder. Mais les liens qu’il a tissés avec sa famille constituent le socle à partir duquel il s’est construit. On découvre ainsi un Matisse passionné, sensuel, anxieux, esclave de sa peinture, bref, à la recherche de quelque chose qui semble le dépasser. L’exposition du Centre Pompidou qui ouvre ses portes au printemps porte sur « Matisse et le texte », soit la relation entre l’image et le signe. Il nous vient alors une anecdote : après l’opération chirurgicale de 1941 dont il sort miraculeusement vivant, Matisse ambitionne de réapprendre le dessin en commençant par réapprendre à écrire ! Plus qu’un style, Matisse invente une grammaire, une philosophie de la peinture, une ascèse du regard.