Chez Odeia ou par Internet : en direct à 15h30 ou en différé. 60 € les 4 conférences.

Ce cycle vous propose une véritable initiation au monde russe à travers la découverte de son art.
Le calendrier des conférences :

05/11/20 : Peindre la lumière de l’invisible : l’art de l’icône russe
19/11/20 : L’avènement de l’art séculier : le XVIIIe et le XIXe siècle russe
03/12/20 : L’art à l’heure des grandes ruptures : peinture russe pré et post révolutionnaire
17/12/20 : Le réalisme socialiste, l’art non-conformiste et l’espace post-soviétique

Plus bas : détail des conférences

Qui est MICHEL PETROSSIAN ?
Conférencier, mais aussi compositeur, Michel PETROSSIAN est également spécialiste de la Bible. Il étudie le violoncelle et la guitare avant d'étudier la composition, l’écriture, l’analyse et l’orchestration au CNR de Paris. Soucieux de faire connaître la musique de son temps, il fonde en décembre 1998, avec le compositeur Jérôme Combier, l'ensemble Cairn, constitué des élèves du Conservatoire de Paris. Après ce parcours, son intérêt le porte vers les civilisations anciennes et la philologie, et il se consacre à l’étude approfondie de l’hébreu, grec, ougaritique, araméen, babylonien, vieux-slave et arménien à l’École des langues et des civilisations de l’Orient ancien ainsi qu'à la Sorbonne1 où il obtient un master en Lettres classiques. Il séjourne une année à l’École biblique et archéologique française de Jérusalem où des études de terrain l’amènent à s'intéresser à la musique du Proche-Orient ancien.


1. Peindre la lumière de l'invisible: l'art de l'icône russe Issue du monde byzantin, enrichie progressivement par les traditions locales et modelée par les vicissitudes d'une histoire aux soubresauts dramatiques, l'icône russe représente sept siècles d'un art évoluant en son propre milieu. C'est une des clefs qui permet de déchiffrer l'identité russe dans sa composante à la fois esthétique, sociale et spirituelle, et c'est une clef qui reste curieusement assez méconnue en Occident. Alors que les conférences antérieures étaient et les conférences ultérieures seront de grandes synthèses où l'on s'efforce à dégager des permanences dans les domaines les plus variés et à travers les grands mouvements historiques qui nous révèlent des aspects multiples de la vaste Russie, cette conférence se concentre sur ce domaine unique.

2. L'avènement de l'art séculier : le XVIII et XIX siècle russe Avec les réformes de Pierre le Grand et son ouverture forcenée à l'Europe l'art en général, et la peinture en particulier, vont connaître un essor vertigineux en Russie. Les artistes qui vont se manifester alors reflètent la mosaïque foisonnante des peuples et des nations qu'abrite l'Empire: le premier grand peintre russe, le français Charles Bruleau (qui va russifier son nom en Brullov à l'âge de 18 ans), le puissant innovateur Vroubel qui partage des origines polonaises avec l'orientaliste Sémiradsky; le plus grand mariniste russe Aïvazovsky issu de la communauté arménienne de Crimée, le grec pontique Kuindji, chantre de la nuit, ou le paysagiste russe le plus illustre qui fait la jonction entre le romantisme et l'impressionnisme, Lévitan, dont la famille juive est originaire d'un shtetl lithuanien.

3. L'art à l'heure des grandes ruptures: peinture russe pré et post révolutionnaiDu rôle du modeste élève, à l'écoute des professeurs venus de l'étranger, l'art russe va non seulement évoluer vers l'autonomie et s'affranchir rapidement de ses modèles, mais se hissera bientôt au rang d'un domaine incontournable du patrimoine culturel mondial. Cette accélération et cet épanouissement vont connaître des développements dramatiques, et des ruptures, marqués par les tensions qui aboutiront à la Grande Révolution d'Octobre. Le nom de Kandinsky à lui seul dit l'importance de cet art, nom qui est l'unique ordre de grandeur comparable à Picasso pour l'influence qu'il a eu sur l'art du XXème siècle, comme "Le sacre du printemps" de Stravinsky l'est pour la musique, oeuvre emblématique s'il en est de la modernité. La Révolution sera naturellement le lieu d'accueil de tous les aspirants à la modernité, avant que la réalité toute autre ne se substitue au masque de la nouvelle liberté et que le totalitarisme le plus absolu n'abolisse, du moins en apparence, tout germe de vie artistique nouvelle.

4. Le réalisme socialiste, l’art non-conformiste et l’espace post-soviétiqueLes poches de l'incroyable et féconde liberté ont régné en Russie jusqu'en 1922, avant que l’art ne soit progressivement « ramassé », censuré et mis au service du régime. Mais l’art n’a pas été seulement un outil de propagande dans son contenu – l’excellence artistique devait cautionner la validité du régime. Ainsi, une véritable école de peinture et de sculpture est née, capitalisant d’abord sur les acquis de l’avant-garde russe de la période révolutionnaire, et tournant ensuite vers le réalisme socialiste. De remarquables figures ont surgi, dont la validité artistique demeure, à en juger selon la côte dans les grandes ventes internationales, tel Deïneka, Sarian et quelques autres. L’un des plus grands maîtres de la peinture russe, figure de prou de l’avant-garde qui a continué à créer jusqu’en 1944 et qui est quasiment inconnu en Occident est Pavel Filonov. La pression du régime a fait naître aussi des mouvements artistiques semi-clandestins de résistance, tels les Mitki, qui revendiquaient un mode de vie détaché de toute poursuite de bien-être matériel, acceptant les emplois les plus humbles et dont l’activité artistique s’inscrivait dans une continuité d’une démarche globale qui incorporait tous les domaines de l’existence. Malmenée, contrôlée, castrée ou réorientée, la fougue artistique a continué à s'exprimer et a même connu un regain particulier sur les débris toujours fumants de l'Empire soviétique... L’éclatement de l’URSS a conduit à une réorganisation de l’art contemporain, avec des plusieurs mouvements nouveaux et contrastés qui intégraient les grands acquis de l’art occidental. Après une période d’errances et d’incertitude économique et esthétique, un art authentiquement russe a surgi, soutenu par de nouvelles galeries ou des centres de création importants tels « Le Garage » à Moscou ou « Erarta » à Saint-Pétersbourg.