Par Internet : en direct à 15h30 ou en différé. 60 € les 4 conférences

16 mars : Les premiers occupants de Chypre: du néolithique aux cités-royaumes à l'âge du Fer.
23 mars : Chypre et la culture grecque antique, intégration dans l'espace romain et les débuts du christianisme.
30 mars : Chypre byzantine et franque, le lien avec la Petite Arménie et Venise.
6 avril : Chypre sous le joug ottoman, l'occupation britannique et à la période de l'indépendance.

Troisième île de la Méditerranée (après la Sicile et la Sardaigne), Chypre est un lieu connu et méconnu à la fois. Dernier bastion de l'Occident, ligne de crête qui départageait les aires civilisationnelles, c'est aussi le lieu de rencontre entre l'Orient et l'Occident, à l'image de Zénon, l'un de ses plus illustres habitants, fils de marchand phénicien devenu philosophe grec et fondateur du stoïcisme. Géographiquement, combinant les côtes méditerranéennes aux plages de sable fin et de vastes étendues de maquis ou de beaux paysages de montagnes, l'île regorge de vestiges gréco-romains, notamment avec les villas aux mosaïques somptueuses à Paphos, étape importante du premier voyage de l'apôtre Paul. Le massif montagneux du Troodos accueille des églises à l'iconographie orthodoxe très particulière et saisissante. Mais grâce à l'archéologie nous avons désormais accès à toute une histoire qui précède les pages glorieuses et les mieux connues de l'histoire de l'île, du néolithique à l'âge du Fer, notamment sur le site impressionnant de Khirokitia, aux éléments de plan circulaire, ou à Sotira où les premiers vestiges de céramique apparaissent à Chypre. Au Moyen Âge, Chypre est au coeur de l'épopée des Croisés, devenant après Rhodes le lieu de repli des Francs après la perte de Jérusalem et d'Acre. A Famagouste (aujourd'hui sous l'occupation turque, au nord de l'île), on assistera à une spectaculaire reconstitution de Jérusalem par les chevaliers francs: toutes les églises et toutes les congrégations présentes dans la ville sainte s'y trouvent, et des cathédrales, actuellement désaffectées et flanquées de minarets, témoignent de ce glorieux passé. C'est là aussi que Shakespeare situe le cadre narratif de son Othello. De cette période date le lien fort que l'île développe avec le Royaume de la Petite Arménie, situé à 65 km, en Cilicie. En effet, la maison Lusignan règne à Chypre, comme dans la Petite Arménie, et les alliances matrimoniales et commerciales sont nombreuses entre ces deux royaumes chrétiens. La domination vénitienne qui durera un peu moins d'un siècle, à partir de 1489, signe un nouvel âge d'or, suivi par trois siècles de domination ottomane, qui ne réussiront pas cependant à museler ni à effacer l'identité culturelle et spirituelle de l'île. Les Britanniques prenant la relève des Ottomans, les insulaires chypriotes ne cesseront de lutter pour leur indépendance, obtenue en 1960. Mais la difficulté d'organiser l'Etat et la société conduit à un désir de rattachement de l'île à la Grèce, ce qui provoque par ricochet l'invasion de l'armée turque, qui occupe le nord de l'île, c'est-à-dire à peu près le tiers de l'ensemble du territoire, depuis 1974. Malgré la turquification intensive (le changement des noms des villes et des villages et l'implantation massive de paysans turcs venus d'Anatolie), une sorte d'équilibre semble être trouvé au fil des décennies, permettant une cohabitation entre les deux entités, et même l'idée de la réunification de l'île. Cette histoire ancienne et mouvementée, aux apports très divers, a permis le surgissement des cultures, des mouvements d'art et et de pensée riches et singuliers, que nous parcourrons au gré de quatre conférences thématiques.

Qui est MICHEL PETROSSIAN ?
Conférencier, mais aussi compositeur, Michel PETROSSIAN est également spécialiste de la Bible. Il étudie le violoncelle et la guitare avant d'étudier la composition, l’écriture, l’analyse et l’orchestration au CNR de Paris. Soucieux de faire connaître la musique de son temps, il fonde en décembre 1998, avec le compositeur Jérôme Combier, l'ensemble Cairn, constitué des élèves du Conservatoire de Paris. Après ce parcours, son intérêt le porte vers les civilisations anciennes et la philologie, et il se consacre à l’étude approfondie de l’hébreu, grec, ougaritique, araméen, babylonien, vieux-slave et arménien à l’École des langues et des civilisations de l’Orient ancien ainsi qu'à la Sorbonne1 où il obtient un master en Lettres classiques. Il séjourne une année à l’École biblique et archéologique française de Jérusalem où des études de terrain l’amènent à s'intéresser à la musique du Proche-Orient ancien.