Pour son premier album, le guitariste Miguel Castro d’origine chilienne et installé en France, s’interroge sur ses origines géographiques, culturelles et musicales. Il construit son album judicieusement intitulé « Origin » en explorant des empreintes jazzistiques qui l’ont fortement marquées (Pat Metheny & Michael Brecker, Henri Texier, Joshua Reman & The Bad Plus), mais aussi des références à la poésie chilienne (Vicente Huidobro et Pablo Neruda), ainsi que des réflexions philosophiques sur l’exil. Dans cet album, il est souvent question de parcours de vie et de quêtes de sens, toujours associés à une direction musicale précise.Miguel Castro a voulu mettre ses compositions et son jeu de guitare à l’intérieur d’un écrin sensuel et charnel, porté par la réalisation sonore de Tony Paeleman, pour un quartette avec saxophone ténor, contrebasse et batterie. Un groupe très cohérent, porteur d’une formidable identité sonore, où guitare et saxophone enrichissent à merveille le discours musical. Ils exposent souvent les thèmes ensemble à l’unisson, puis développent chacun de leur côté des improvisations inspirées, afin de mieux se retrouver ensemble pour un dialogue lyrique et expressif. Quels que soient les tempi, la contrebasse de Rémi Liffran et la batterie de Thibault Ragu dialoguent eux aussi avec beaucoup d’élégance et de retenue, créant constamment des rythmiques souples et élastiques qui suggèrent des pas de danse.Sur le premier morceau Esperar, la référence à Pat Metheny et Michael Brecker est surtout suggérée par la sonorité du jeu de guitare très fluide de Castro, mêlée au son expressif et inspiré du saxophone ténor de Jean-François Petitjean. La poésie chilienne ainsi qu’une réflexion philosophique sur le temps sont au cœur de Deja El Tiempo Volar, qui par son élégance formelle traduit à merveille l’envol et la légèreté. El Camino, morceau phare de l’album, évoque le parcours d’une vie à travers un chemin sinueux, plein d’énergie et de fureur. Un cheminement vital qui est aussi au centre de Caminando. L’exil est au coeur du tendre et nostalgique Là-Bas, une belle rêverie autour d’un pays lointain, inaccessible et idéalisé. L’album « Sand Woman » d’Henri Texier a inspiré à juste titre la très belle mélodie d’un morceau particulièrement magique intitulé Inspiration. La douce rêverie de Dialogue évoque une discussion passionnante sur les origines... Tandis que l’explicite Exil démarre dans l’allégresse d’une douce mélodie qui va progresser lentement vers un climax furieux porté par le saxophone. Enfin en 4’26, Le Minotaure résume le climat bouleversant du roman L’Odeur du Minotaure de Marion Richez où il est question du cheminement d’une vie et une interrogation sur le sens de l’existence.
LINE UP
Miguel Castro : guitare, compositions
Jean-François Petitjean : saxophone
Leila Soldevila : contrebasse
Pierre Martin : batterie
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