Par Michel Olivier, philosophe, directeur de programme du CIPh et fondateur d’Intermèdes.

La vie économique (toutes nos activités destinées à procurer un revenu ou un gain monétaire) a l’étrange privilège d’être à la fois l’objet de critiques virulentes et radicales, tout en demeurant un souci premier et un enjeu majeur pour une vie réussie.

A l’automne 2020, nous avons exploré la notion de sens et nous avons suivi Karl Polanyi pour faire émerger notre vie économique contemporaine comme une étrangeté, une exception dans l’histoire de l’humanité, qui soulève une difficulté anthropologique profonde et mal interprétée par la science économique elle-même.

Au printemps 2021, nous avions suivi Louis Dumont et Michel Foucault pour faire apparaitre l'économie comme expression d'une exceptionnalité bien plus vaste dont elle n'est pas la cause : l'individualisme, fondateur de la modernité mais enraciné dans la tradition chrétienne. L'économie est alors apparue comme "portant le chapeau" un peu facilement des tensions qui traversent cette modernité.

Elle n'en demeure pas moins un mode de régulation sociale et un champ de vie aux enjeux fondamentaux, mais éminemment difficile à saisir dans sa vérité. Cette "saison", après un résumé assez appuyé de ce qui précède, nous proposons une lecture de l'œuvre de Georg Simmel pour une première approche de la question : qu'est-ce que la vie économique ? Comment la saisir non pas dans sa modélisation scientifique, mais telle que nous l'éprouvons, telle que nous la vivons ?