Sam 30 octobre 2021

Salle Jules Verne

70 rue des jacobins

Concert d'Anaïs

Prix 12 euros/place

Placement libre/ debout

La « bio » d'Anaïs par Thomas VDB

Écoutez je vais pas vous la faire à l’envers : c’est Anaïs quima’a demandé d’écrire un truc pour accompagner l’envoi de sonnouvel album aux médias et (j’imagine aussi) aux magasins dedisques « comme argu ».Je n’écris plus beaucoup sur la musique et tout ça, des chroniquesde disque, je ne sais plus trop quoi dire. Donc quand Anaïs m’aappelé je je suis senti un peu emmerdé parce qu’elle m’a dit « jet’envoie le disque et si tu n’aimes pas, dis « non » y aura pas deproblème ». Mais même si ce genre de situation est toujoursdélicate (si je n’avais pas aimé le disque je me voyaisdifficilement la rappeler en lui disant « EH BAH PAS DE BOL J’AIMEPAS DU TOUT DU TOUT DU TOUT ». Mais j’ai écouté le disque et çam’a réconforté pour deux raisons : d’abord, que je n’aurai pas àme mettre dans une telle situation parce que je trouve que sonnouvel album est génial. Tellement que c’est la deuxième raisonpour laquelle j’ai été réconforté (je ne vous avais pas précisé jen’étais pas au top moralement avant de commencer à l’écouter). Moi à la base ce qu’on peut assimiler de près ou de loin à de « lachanson française » c’est moyen mon dada. Disons que c’est moins« ma grande passion » que ce qu’étaient les chevaux pour OmarSharif par exemple. Mais y a des noms qui sont toujours ressortis(et pas beaucoup) et depuis que je la connais, Anaïs en faitpartie. Probablement parce qu’au fond, elle ne pratique pas tout àfait « de la chanson française », pas du tout même. Ce serait bienplus souvent même de la « chanson anglaise ». La première fois que je l’ai rencontrée, je me souviens d’elle enjean et tee-shirt blanc, j’avais aimé ça tout de suite, quelqu’unqui attache si peu d’importance à son style vestimentaire nem’inspire que de la confiance et une sympathie immédiate. Elletournait ce soir là le DVD du Cheap Show, sa chanson « Mon coeurMon amour » allait bientôt être la chanson qu’on ne pourrait plusaller nulle part sans entendre, même si je doute que ça se dise« nulle part sans entendre ». Je savais déjà que Anaïs était une vraie chanteuse (ce quichangeait déjà un peu des chantonneuses). J’avais été abasourdid’apprendre que c’est Dan The Automator qui produisait sondeuxième album, le « Love Album ». Limite si j’avais été musicienj’aurais été jaloux. Et puis elle a continué à me surprendre et à me plaire parce que ses deux albums suivants « À l’eau de Javel »et « HellNo Kitty » contenaient aussi des titres qui m’avaientscotché. Divergente, c’est le nom de son nouveau disque et c’est sûr que« divergente » elle l’est probablement un peu trop : le premiertitre de son nouveau disque s’appelle « Schizophrénia » et laboîte de production qu’elle a montée s’appelle REFT (parce qu’ellene sait pas immédiatement dissocier sa droite de sa gauche). Ellea repris Edith Piaf et Mistinguett mais avec le batteur d’Aufgangou DJ Netik... Elle est chanteuse, mais elle s’est aussi essayéeau cinéma. Donc c’est pas étonnant que son nouveau disque diverge autant.Dominée par des influences pop, parfois soul … voire rap (lelancinant « Why Are You So mean ») les chansons s’enchaînentcomment autant de saynètes, et le disque n’est pas loin de fairepenser à une sorte cabaret minimal. Et voilà, bim ! « une sorte decabaret minimal », c’est parti ! C’est pour ça que c’est toujourspénible les bios d’artistes, on sort toujours des expressionscomme « voix cristalline » ou « mélodies bien ciselées ». Alorsest-ce que ça vous parle si je dis que j’ai trouvé la production« très organique » ? Que « I hold My Lamp » m’a semblé « mâtinéd’influences Astrud Gilberto » ? (d’ailleurs je ne dois pas avoircomplètement faux puisqu’elle précise sur la pochette que ce titreest « à écouter près de la fenêtre quand il pleut ») Que j’adorel’idée que ce n’est que pour une question d’emploi du temps queBonnie Rait (dont elle est ultra fan) n’a pu se joindre à elle surle country-folk « You came and You Lied » (sur lequel ellen’aurait d’ailleurs clairement pas déparé) ? Que j’adore l’idéeque qu’elle enchaîne un titre qui s’appelle « Smoking Like aBastard » avec un autre qui s’appelle « Je n’boirai plus jamais »(qu’elle commence en chantant comme une druidesse new-age -j’espère que je vous aide à y voir clair dans cet album) ? QueBain Moussant soit l’idée d’un duo soul (rêvé seulement hélas pourelle) avec Robin Thicke ? Elle aime bien ça les duos Anaïs, donc quand elle ne peut pas lesfaire en vrai, elle les vit dans sa tête. D’ailleurs elle réinvite(en vrai) son pote Nathaniel Fregoso de The Blood Arm pour laseconde fois de sa discographie pour l’avant-dernier morceau ledétonant « I could’n t Love You » mise en bouche du dernier titrede l’album « Losing My Mind », une reprise disco de Liza Minelliet les Pet Shop Boys, enregistrée avec les musiciens de Gush.« Cabaret » j’étais pas hyper loin. En tout cas, clairement, Anaïss’amuse. Il m’a fallu le « Love Album » pour comprendre qu’Anaïs était unevraie chanteuse et pas seulement la performeuse marrante du CheapShow. C’est pour ça que je n’arrive pas à savoir si elle croit cequ’elle dit quand elle chante (très langoureusement) qu’elle a« retrouvé son mojo », pour moi elle ne l’avait jamais vraimentperdu. Ce qui est sûr en tous cas c’est qu’elle accepteaujourd’hui que toutes ses divergences soient sa richesse. C’estpas grave si Anaïs ne sait pas si elle est une chanteuse detextes, de folk, de soul, de rap, de pop puisqu’elle est aussi àl’aise dans chacune de ces incarnations. (voilà et donc je rajoute ce petit paragraphe en plus parce que jetrouvais que terminer par « Folk soul rap ou pop, Anaïs est aussià l’aise dans chacune de ces incarnations. », ça faisait vraimenttrop « phrase de fin de bio », donc j’ai rajouté ce petitparagraphe pour faire croire que c’était pas la vraie fin). Maisen vérité je vous le dis j’adore le nouveau disque d’Anaïs.Thomas VDB