"Cette « Fantine » n'est pas une adaptation, c'est une trahison. Parfois on ne peut pas faire autrement : trahir pour mieux servir. Tout le monde connaît (ou croit connaître) Les Misérables. Et c'est bien là le problème… Mais qui a lu le roman ? Deux mille pages… Et je me dois d'être honnête : moi non plus je ne l'avais pas lu, pas plus d'ailleurs que Notre Dame de Paris. Et pourtant, vous et moi, nous en connaissons tous les personnages…. Les Misérables, Fantine, Javert, Jean Valjean et le petit Gervais, Gavroche et Marius, Eponine Thénardier, dite Thénard et consorts… Ce ne sont pas des personnages, ce sont plutôt les santons de notre crèche républicaine penchés sur le berceau de Cosette… Mélo, romantisme, humbles héros positifs… tout y est et Victor Hugo est un Génie incontestable.Alors me voilà devant ce que l'on appelle une « commande » que j'accepte parce qu'elle m'est demandée par peut-être Fantine elle-même. Je sais ce que représentent les personnages féminins dans la littérature ou le théâtre populaires du 19e siècle : elles sont le Peuple et la République, rien de moins. Or nous sommes au 21e siècle et le Peuple veut s'appeler la Classe Moyenne, et la République… Mais passons. Comment faire, surtout si l'adaptation se limite à l'histoire de Fantine ? Résumer ? Alors voilà mon idée : il ne s'agit plus aujourd'hui d'édifier les braves gens et encore moins de « tirer les leçons du passé ».