Florent MARIE, luth 8 choeurs

Giovanni Antonio Terzi (ca.1560? - après 1612)

Compositeur à part dans le monde du luth, ou encore parmi les plus chevronnés du monde de la diminution italienne de la fin du XVIème siècle, Giovanni Antonio Terzi est un personnage à peu près inconnu. Et pourtant, son répertoire constitue une des collections les plus variées, et surtout de la plus grande qualité, du répertoire de cet instrument. L’ensemble de ses pièces tient principalement en deux vastes volumes publiés à Venise, l’un par Ricciardo Amadino en 1593, l’autre par Giacomo Vicenti en 1599.
Ce programme propose un aperçu des différents genres abordés par ce compositeur. La Toccata seconda est une des plus développées du répertoire du luth Renaissance, et son style se rapproche déjà de la « seconda prattica ».
Une des principales qualités de Terzi est son extrême sensibilité au texte des modèles vocaux qu’il met en tablature : la diminution souligne à merveille les reliefs du modèle vocal, qui devient ainsi littéralement intelligible sur l’instrument. Ainsi, non content de restituer les cinq voix du madrigal d’Andrea Gabrieli Caro dolce ben mio, il en propose un réel arrangement qui nous donne peut-être encore davantage d’indications d’«interprétation » que l’original lui-même.
Un compositeur tourné vers la modernité, et aussi européen. Ainsi, la Courante francese, truffée de diminutions très représentatives de son style, ne perd rien de son caractère français, dansé : quelle synthèse réussie ! Les « goûts » italien et français semblent bel et bien « réunis » dans cette pièce. Les danses, en général, sont d’un grand foisonnement rythmique, s’étalant sur tous les registres, comme par exemple la Gagliarda del S.Agostino Vertoa.
En cette fin de siècle arrive à maturité la canzona, presque toujours reconnaissable par son incipit et caractérisée par une certaine clarté polyphonique, à la différence de certaines fantaisies plus traditionnelles, comme par exemple la Fantasia Terza dell’Autore, dont émane une magnifique profondeur grâce à son contrepoint subtil. Dans son premier livre, Terzi arrange une importante suite de douze canzones de l’organiste brescian Fiorentino Maschera, dont les publications eurent dans ce dernier quart de siècle un succès retentissant auprès du public ; preuve en est le nombre de rééditions dont a bénéficié ce corpus.
Si Vicenti a publié dans cette même décennie les fameux traités de diminution de Diruta, R.Rognoni, Bovicelli, et Bassano, les livres de Terzi s’inscrivent totalement dans leur esthétique. On peut considérer qu’ils en constituent la mise en application au luth : à la lumière de ce fait, et considérant l’importance de la pratique et de l’image de cet instrument dans les milieux cultivés en cette fin de XVIème siècle, on ne peut que s’étonner que ce domaine reste encore largement inexploré.

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